Erhard Loretan

La pureté du style

Erhard Loretan est le troisième alpiniste à avoir gravi les quatorze sommets de 8000 mètres après Reinhold Messner et Jerzy Kukuczka. Souvent décrit comme un artiste de l’altitude, le suisse a posé sa patte sur les sommets de l’Himalaya en inventant un style léger et rapide qui deviendra sa marque de fabrique et inspirera bon nombre d’alpinistes du monde entier. Loretan ? Un cador !

Les Andes d’abord, l’Himalaya ensuite

Mais avant de s’attaquer aux monstres Himalayens, le jeune Erhard a d’abord fait ses armes dans les Alpes, encouragé par son cousin, guide de montagne. A 16 ans à peine, il réalise ses premières ascensions de grande classe et décide que lui aussi sera guide. Mais rapidement, les sommets des Alpes apparaissent petits au jeune et ambitieux alpiniste fribourgeois qui rêve de hauteur et d’exotisme. Avant de s’attaquer à l’Himalaya, il s’envole en 1980 pour les Andes péruviennes où il réalise trois grandes premières sur des sommets de plus de 6000 mètres (le Palcaraju, le Caras et le Ranrapalca) en compagnie de deux amis dont le fidèle Pierre Morand.

Il met pour la première fois les pieds en Himalaya en 1982 avec une expédition qui s’attaque au Nanga Parbat dont il atteint le sommet le 10 juin, se découvrant au passage des aptitudes inouïes pour la haute altitude. Fort de cette première réussite, il revient l’année suivante dans la région pour réussir un pari insensé: gravir trois 8000 à la suite. Arrivé dans Karakoram le 23 avril, il atteint le sommet du Broad Peak le 26 juin après avoir conquis les Gasherbrum I et II. La machine est marche !

L’Everest en 43 heures !

Ensuite, ça s’enchaine au rythme incroyable de deux 8000 par an: Manaslu et Annapurna en 1984, K2 et Daulaghiri en 1985, Everest et Cho Oyu en 1986. L’ascension de l’Everest restera comme l’une de ses plus belles réalisations: avec son fidèle compagnon de cordée Jean Troillet, il gravit la face nord aller-retour en 43 heures seulement, en emportant très peu de vivres et de matériel afin de rester le plus léger possible. Très impressionné, Reinhold Messner qualifiera le suisse de « génie » suite à cet exploit resté dans les annales de l’alpinisme.

Après une série noire marquée par plusieurs échecs, une vilaine blessure au dos et la mort tragique de son ami Pierre-Alain Steiner au Cho Oyu, Erhard Loretan reprend sa course aux 8000 dans les années 90 et touchera le Graal en 1995 avec une victoire sur le Kangchenjunga, le dernier sommet qu’il lui manquait pour entrer définitivement dans la légende. Déchargé d’un poids, il entreprend alors des expéditions sans pression, en Antarctique ou encore au Groenland avec Mike Horn.

La mort de son fils, un drame personnel

En 2001, alors qu’il est devenu un personnage très médiatique en suisse, il vit le drame de sa vie en provoquant la mort de son fils de sept mois, victime du syndrome du bébé secoué. Il continuera, par la suite, ses activités de guide de montagne mais le cœur n’y est plus tellement…

Erhard Loretan est mort le 28 avril 2011, jour de ses 52 ans, victime d’une banale chute avec une cliente lors d’une course pourtant facile au Grünhorn. En Suisse, la vague d’émotion suscitée par sa mort se traduira par la création d’un parc portant son nom et destiné à initier les enfants à la pratique de l’escalade.

En 2011, la chaine de télévision suisse RTS lui a consacré un reportage intitulé « Respirer l’odeur du ciel ». Question littérature, on pourra citer principalement deux ouvrages :

  • « Erhard Loretan: Une vie suspendue » – Charlie Buffet – Editions Guérin
  • Son autobiographie: « Erhard Loretan: Les 8000 rugissants » écrite avec Jean Ammann et parue une première fois en 1996 puis une seconde après sa mort aux éditions La Sarine en 2013.

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