Les Drus

La paroi foudroyante

« Jean a été foudroyé au Dru ». Avouez que ça claque! Je n’ai ni la classe, ni le courage du Jean Servettaz de Frison-Roche mais si demain je meurs comme un con, étouffé par un noyau de cerise, j’aimerais que l’officier d’état civil dise à ma femme que j’ai été « foudroyé au Dru ». Parce que les Drus, comme endroit mythique pour un fan d’alpinisme, on peut difficilement faire mieux…

Les Drus sont deux. Comme les Gibus, y’en a un grand et un petit. Ils se situent dans le massif du Mont Blanc, haut lieu de l’alpinisme, qui détient la plupart des sommets mythiques des Alpes. Le grand Dru culmine à 3754 mètres tandis que le petit se contente de 3730 mètres. Le sommet, conquis pour la première fois en 1878, est accessible de plusieurs façons mais c’est dans la redoutable face ouest que les pionniers de l’alpinisme trouvèrent un terrain de jeu à la hauteur de leurs ambitions démesurées.

Le pilier Bonatti et la Direct Américaine

Si l’ascension de la face ouest, que beaucoup pensaient impossible, est réussie en 1952 par une cordée française composée de Guido Magnone, Lucien Bérardini, Adrien Dagory et Marcel Lainé, pour Walter Bonatti, le plus grand problème des Drus se situe ailleurs. Lui, ce qui l’intéresse, c’est ce fameux pilier sud-ouest situé sur le versant de Montenvers. Après deux tentatives infructueuses avec ses habituels compagnons de cordées en 1953 puis en juillet 1955, le grand Walter décide finalement d’y aller tout seul, en patron. Ainsi, au mois d’août 1955, il se lance dans ce qui deviendra un des plus grands chefs d’œuvre de l’histoire de l’alpinisme et entre définitivement dans la légende, le 22 août, en donnant son nom à l’une des plus redoutables paroi du monde: le pilier Bonatti. L’autre voie célèbre des Drus est la « Directe Américaine » ouverte en 1962 par Gary Hemming et Royal Robbins. Christophe Profit sera le premier à la réaliser en solo, en 3h10, en 1982 à seulement 21 ans.

Outre la foudroyante épopée de Jean Servattaz dans « Premier de cordée », les Drus seront souvent le théâtre de scènes rocambolesques parmi lesquels on peut notamment citer le sauvetage de deux alpinistes allemands par René Desmaison en 1966. Ce dernier grilla la politesse aux secours « officiels » pour ensuite vendre son reportage à Paris-Match. On en parle aujourd’hui encore dans les chaumières de Chamonix…

Eboulements en série

Ces dernières années, les Drus, comme beaucoup d’autres montagnes des Alpes et d’ailleurs, ont été victimes d’éboulements en série causés par l’érosion et le réchauffement climatique. Le pilier Bonatti a ainsi été rayé de la carte en 2005, emmenant avec lui un pan de la légende de l’alpinisme…

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