Wanda Rutkiewicz

Un piton nommé Wanda

Née en février 1943 « d’un père excentrique et d’une mère dépassée »*, Wanda Rutkiewicz a grandi dans les ravages de la guerre en Pologne. De quoi forger un caractère et une volonté qui feront d’elle une des plus grandes alpinistes de l’histoire aux côté de Chantal Mauduit et Alison Hargreaves.

Plus que tous les sommets prestigieux qu’elle a atteint durant ses vingt ans de carrière en Himalaya, la marche d’approche vers le camp de base du K2 en 1982 est peut-être l’élément le plus représentatif de la volonté hors norme qui la caractérise. Peu avant de s’engager dans cette expédition réservée aux femmes, Wanda Rutkiewicz est victime d’une fracture de la jambe en chutant lors d’une tentative à l’Elbrouz. Refusant de renoncer au K2, elle effectuera les 150 kilomètres de la marche d’approche soutenue par des béquilles et un moral d’acier, pour chapeauter ensuite depuis le camp de base, l’expédition de ses amies.

Kukuczka et Rutkiewicz, emblèmes de l’alpinisme polonais

Comme Jerzy Kukuczka l’autre emblème de l’alpinisme polonais, Wanda Rutkiewicz a débuté l’escalade au début des années soixante dans les Tartras, non loin de la frontière Slovaque. Faisant fi du machisme lattant, elle surpasse et étonne beaucoup de grimpeurs masculins en même temps qu’elle commence à élargir son champ de vision. L’Eiger, le Cervin et les Drus forment bientôt un terrain plus adapté à ses ambitions qu’elle préfère assouvir le plus souvent compagnie d’autres femmes.

En 1970, sa carrière prend un tournant lorsqu’une expédition au Pic Lénine lui dévoile une grande aptitude à la haute altitude qui sera désormais son domaine. Dès lors, les expéditions s’enchainent. Des échecs, quelques drames mais surtout de beaux succès : troisième femme au sommet de l’Everest en 1978, le Nanga Parbat, l’Annapurna via sa redoutable face sud lors d’une ascension au final en solitaire controversé… A l’été 1986, elle est la première femme à atteindre le sommet du K2 en même temps que Liliane Barrard mais la descente dans la tempête vire au cauchemar : Liliane et son mari Maurice ne redescendront pas… comme beaucoup d’autres cet été-là…

Les quatorze 8000, sa « Caravane de rêves »

En 1991, elle compte huit 8000 à son tableau de chasse. Elle veut être la première femme aux quatorze 8000, sa « Caravane de rêves ». Mais le 12 mai 1992, en redescendant du sommet du Kangchenjunga, son compagnon de cordée, le Mexicain Carlos Carsolio, la trouve en perdition à 8 300 mètres. Elle prétend vouloir bivouaquer pour faire le sommet le lendemain. Fatigue extrême et altitude, ennemis jurés de la raison, lui seront fatals… son corps ne sera jamais retrouvé. Trois ans après Kukuczka, l’alpinisme polonais perdait sa deuxième grande figure.

Sa biographie (réservée aux germanophones) : « Wanda Rutkiewicz : Karawane der Träume » – Gertrude Reinsch

* « 100 Alpinistes » – Portrait de Wanda Rutkiewicz par Christine Grosjean

Irrésistible Wanda Rutkiewicz – Source: Wikipedia