Göran Kropp, l’Everest à vélo

13 000 km et un sommet

Stockholm, 16 octobre 1995 au petit matin. Göran Kroop, 30 ans, se lève, enfile un slip propre, boit un gros café, vérifie la pression des pneus, enfourche son vélo et commence à rouler en direction du sommet de l’Everest. 13 000 km à pédaler à travers l’Europe de l’est et l’Asie… Un fou…

Kropp arrive au camp de base au début du mois d’avril 1996. Il pose son vélo, met son anti-vol, boit un coup et commence à s’acclimater. Il quitte le camp de base le 1er mai pour s’attaquer au sommet sans sherpas, ni oxygène. Le 3 mai, il atteint l’altitude de 8 748 mètres. Le sommet est à une heure de marche à peine mais il décide de faire demi-tour, s’estimant trop fatigué pour redescendre dans des conditions de sécurité optimales.

Quatre jours plus tard, l’Everest est le théâtre de la tragédie que tout le monde connait… dans son best-seller « Tragédie à l’Everest », Jon Krakauer, dont le groupe croise Kropp au camp 2 le 5 mai, fait état d’une remarque de Rob Hall à l’attention de ses clients : « Faire demi-tour si près du sommet, cela révèle une capacité de jugement exceptionnelle chez le jeune Göran. J’en suis impressionné, bien plus que s’il avait continué et atteint le sommet. »

Kropp atteindra finalement le sommet lors d’une deuxième tentative le 23 mai. De retour au camp de base le 25 mai, il dort quelques heures puis remonte sur son vélo, rentre en Suède et raconte tout ça dans un livre: « Ultimate High: My Everest Odyssey ».

Göran Kropp est mort le 30 septembre 2002 après une chute sur la tête lors d’une sortie d’escalade aux Etats-Unis. L’histoire de dit pas s’il avait fait la route à vélo depuis la Suède…

4 Commentaires

  • Jean-Paul - 30 mars 2018 à 19 h 58 min

    Merci Thomas pour ce récit.
    Ce type est incroyable. En plus c’est très bien écrit. Plein d’humour.
    Ça mérite un film.
    De plus le parcours a été fait en 95/96 et pas dans les années 70…
    la route n’était plus si simple!
    Je me demande par où il est passé…
    Mais quel physique!
    Avait-il un passé d’alpiniste?
    En tout cas: MERCI de me l’avoir fait connaître!

  • Pedro26 - 31 mars 2018 à 20 h 39 min

    @Jean-Paul: « Avait-il un passé d’alpiniste? »

    Oui, quand même un peu…
    Citons par exemple son ascension en 1990 de la Tour de Mustagh (7273m), une petite « colline » considérée comme un des sommets les plus difficile du Karakoram, et la 4ème ascension de la montagne.

    Sinon, Cho Oyu en 1992, le K2 en 1993 (solo), puis le Broadpeak en 1994 (solo), le tout évidemment sans oxygène.

    A noter que lors de son escapade à l’Everest en 1996 depuis la Suède, il s’est aussi trimbalé tout le matos de montagne sur son vélo (120 à 130 kg !) avec sa petite remorque sur les 13.000 bornes, puis idem au retour, et là, ben… faut être bien motivé (et surtout un peu cinglé !)…

    Un puriste, le Göran !

    Accessoirement, il s’est refait l’Everest sans Ox avec sa copine, en 1999.

    Son histoire sur l’Everest en 1996 est intéressante, car cela donne une idée de la différence de niveaux parmi tous les gens qui y étaient…
    Y compris les guides aguerris des expés commerciales sous oxygène, avec Sherpas, cooks, cordes fixes, médecin, pognon, etc.

    Et finalement, la fameuse remarque de Rob Hall à propos de la décision de Kropp de faire demi-tour si près du sommet le 5 mai (et si elle a bien été retranscrite par Krakauer) est surtout surprenante de la part de… Rob Hall !
    Effectivement, Göran Kropp devait se sentir comme un extra-terrestre parmi les humains, sur cette montagne, en 1996…
    Un aventurier au milieu de consommateurs plein de pognon et des businessmen, pour le même sommet, le même objectif, mais pas vraiment de la même façon…

  • Pedro26 - 1 avril 2018 à 3 h 23 min

    Par contre, Göran Kropp n’avait jamais beaucoup d’autocollants ni de stickers de ses sponsors partout sur sa veste, ses pantalons, sa casquette…

    Et ça, c’est bizarre…
    C’est pas normal !

  • La Rando - 26 novembre 2018 à 2 h 30 min

    Merci Thomas pour cet article très riche en infos. Je viens de découvrir Göran Kroop grâce à votre article. Quel parcours incroyable !!! Il est vraiment à part. Quand on voit, aujourd’hui, le niveau de certains alpinistes, je me dis que c’était un Homme parmi les hommes. Merci pour ce partage.

Flux RSS pour les commentaires de cet article.

Laisser un commentaire