Green boots, le repère qui craint

"Quand t'atteins Green Boots, t'es presque arrivé"

On le sait, l’Everest est aujourd’hui un véritable cimetière à ciel ouvert. L’impossibilité de transporter un corps alourdi par le gel à une altitude où il n’est déjà pas simple de respirer, fait que les cadavres de grimpeurs qui tombent là-haut restent là-haut. C’est sordide mais c’est comme ça… Je lisais récemment, dans le cadre de la sortie du film « Everest », une interview de Madame feu Scott Fischer qui déplorait que certains grimpeurs s’autorisent des selfies avec le corps de son défunt mari et les postent ensuite sur internet… on peut la comprendre…

Mais parmi les nombreux cadavres que l’on peut rencontrer lors de l’ascension de l’Everest, il y en a un, certainement le plus célèbre de tous, qui tient une place tout à fait stratégique. Il s’agit de « Green Boots », surnommé ainsi en raison des superbes bottes vertes qu’il arbore. Vous pourrez le croiser si vous empruntez le versant Tibétain de l’Everest et si vous atteignez l’altitude d’environ 8500 mètres. Devenu, au fil des années, un repère pour les grimpeurs, Green Boots se situe non loin du premier ressaut, dans une grotte désormais éponyme et qui est aujourd’hui doublement célèbre puisque c’est aussi ici qu’est venu mourir l’infortuné David Sharp en 2006.

Tsewang Paljor ou Dorje Morup ?

Mais qui est Green Boots ? Une chose est sûre, il s’agit d’une des victimes de la célèbre tempête de 1996 qui vit périr huit alpinistes entre le 10 et 11 mai. Si on a surtout parlé de ce qui s’est passé sur le versant Népalais cette année là, on a un peu tendance à oublier que de l’autre côté aussi ça a bardé. Car pendant que Rob Hall et Scott Fischer buvaient la tasse côté sud, sur le versant nord c’est une expédition de la police de frontière indo-tibétaine qui fonçait droit dans le mur.

Ils étaient six ce jour-là à grimper par ce versant. Mais quand la tempête pointa le bout de son nez, trois d’entre eux décidèrent sagement de faire demi-tour tandis que les trois autres décidaient de continuer, atteints de la fièvre du sommet. On ne les reverra plus vivants… Green Boots est l’un de ces trois là. Selon les différents témoignages rapportés par ceux qui les trouvèrent le lendemain, on peut penser qu’il s’agit de Tsewang Paljor, bien que certaines sources affirment qu’il s’agirait plutôt de Dorje Morup.

En 2007, l’alpiniste Britannique Ian Woodall organisa une expédition pour tenter d’inhumer et redonner leur dignité à certains alpinistes restés là-haut. Green Boots était sur sa liste mais le mauvais temps l’obligea finalement à renoncer… Dommage…

6 Commentaires

  • zian - 29 février 2016 à 12 h 39 min

    Bonjour, Je découvre ce blog depuis une discussion récente sur C2C.
    Bravo !
    c’est un réel un plaisir de lire ces articles parfaitement documentés. Je passerai ici de temps à autres.
    Une question : pourquoi cette attirance envers l’himalysme ?

  • thomas - 29 février 2016 à 13 h 18 min

    Bonjour Zian et merci pour ton commentaire !

    Pour répondre à ta question, je crois que je suis fasciné par les types qui se mettent dans des situations improbables et je dois dire que l’alpinisme – et tout particulièrement l’himalayisme – est le terrain de jeu parfait pour ça ! Et puis il y a ces bouquins de Herzog, Bonatti, Messner et autres… un régal !

  • Gautier - 4 août 2016 à 0 h 59 min

    Bonjour Thomas,

    Rentré d’une semaine de rando de moyenne montagne vers Chamonix, j’ai néanmoins l’impression d’avoir goûté à l’ivresse des hauteurs en montant quelques heures sur l’Aiguille du Midi et en voyant ces alpinistes-astronautes partir à l’assaut du Mont Blanc… et depuis, ma soif de découvrir cet univers ne tarit pas ! Je lis les histoires, les anecdotes, je regarde des films et docus en tout genre et… je découvre ton site qui me régale ! Bravo à toi pour la qualité de tes articles et tes fines pointes d’humour !

    Allez hop dans mes favoris, et je repars pour un nouvel article 🙂

  • JYC - 12 avril 2018 à 22 h 46 min

    Bonjour,

    Je ne comprends pas tous ces mystères sur l’identité.

    Vu les habits et chaussures de Green boots, comment ne peut-on pas être sûr de la personne.

    Ils n’étaient pas tous habillés pareils et un seul avait acheté ces couleurs de vêtements.

    Merci pour votre retour.

    Jean-Yves

  • thomas - 13 avril 2018 à 9 h 25 min

    Je me suis basé sur les témoignages parus dans les médias mais effectivement, ses proches et ceux qui étaient sur la montagne ce jour-là savent forcément. C’est simplement une question de communication. D’ailleurs il me semble que Green Boots a depuis été inhumé.

  • Blob - 20 juillet 2018 à 16 h 58 min

    À ma connaissance, green boots est encore au même endroit, juste que la neige la rendu invisible pendant un certain temps, il a réapparu il y a quelques années

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