Montagne pour un homme nu // Pierre Mazeaud

Du conseil municipal à l'Everest, histoire d'un alpiniste pas comme les autres

J’aime bien Pierre Mazeaud. J’admire la façon qu’il avait de tout plaquer à Paris, l’espace d’un week-end, pour une courses entre potes du côté de Chamonix. Et puis je trouve qu’il a la classe sur les fameuses photos prises avant le drame du pilier du Frêney en 1961. Quel charisme! De cette tragédie, de ses exploits en montagne et de ses potes, il en est justement question dans « Montagne pour un homme nu », l’autobiographie – parue en 1971 – d’un alpiniste pas comme les autres.

La Cima Ovest, le drame du Frêney et l’Everest 1971

Je l’ai fini fatigué ce bouquin… Mais, nom d’une pipe, combien de fois Pierre Mazeaud a-t-il fait l’aller-retour Paris-Chamonix ? J’ai l’impression que tous les chapitres commencent de la même façon: un coup de fil, une proposition alléchante, 600 bornes en voiture, une course de légende et à nouveau 600 bornes pour retourner bosser le lundi matin… Infatigable le mec ! Malgré un bilan carbone catastrophique, ce bon Pierrot nous gratifie d’un bouquin palpitant qui nous trimballe des Alpes à l’Everest – pour l’expédition foirée de 1971 – en passant par les Dolomites, terre de l’un de ses plus beaux exploits: la voie Couzy avec René Desmaison sur la Cima Ovest.

Plusieurs choses m’ont frappé dans ce livre. Le style d’abord: un peu surprenant, parfois simpliste. Beaucoup de phrases très courtes, souvent nominales… Quelques anachronismes voulus sont également un peu déroutants: en plein récit de l’ascension de l’aiguille du Peigne en 1960, Mazeaud s’attarde soudainement sur la mort de son ami John Harlin, pourtant disparu six ans plus tard… idem pour Lionel Terray dont il évoque la mort au milieu d’un chapitre qui prend place plusieurs années avant… Bref, j’ai eu un peu de mal au début mais une fois pris dans les récits, le malaise se dissipe et on se régale des formidables ascensions réalisées en compagnie des plus grands qu’il a eu la chance de côtoyer.

Le récit atteint une intensité rare lorsqu’il est question de la tragédie du pilier du Frêney en 1961. Mazeaud évoque alors avec tristesse le souvenir de ses camarades disparus… Vieille, Guillaume, Oggioni et surtout son grand ami Pierre Kohlmann qui fut pendant si longtemps son compagnon de cordée. Tristesse, mais aussi colère, à l’heure d’évoquer l’expédition manquée sur l’Everest en 1971, et son ressentiment vis à vis de Norman Dyhrenfurth, « chef d’expédition sans autorité ».

Pierre Mazeaud n’est, certes, peut-être pas le meilleur alpiniste du monde mais qui d’autre que lui aurait pu combiner une telle carrière d’homme politique et une vie d’alpiniste aussi riche ? Rien que pour ça, la vie de Pierre Mazeaud méritait d’être contée !

Montagne pour un homme nu - Pierre Mazeaud

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