Naufrage au Mont-Blanc // Yves Ballu

Vincendon et Henry : l'enquête

De l’affaire Vincendon et Henry, je croyais tout savoir. Pour écrire mon article sur le sujet, j’avais parcouru le web en entier : articles de blog, images d’archives, films… j’étais tellement au point que je n’avais pas jugé bon de lire le livre d’Yves Ballu qui, pensais-je, ne m’apprendrait rien de plus. Fallait-il être idiot…

Une enquête d’une précision chirurgicale

L’enquête à laquelle s’est livré Yves Ballu est d’une précision chirurgicale. De la genèse de l’histoire sur les rochers de Fontainebleau jusqu’à la découverte des dépouilles des deux jeunes alpinistes dans la carcasse de l’hélicoptère non loin du sommet du Mont-Blanc, l’auteur analyse tout, traquant le moindre détail qui permettrait de comprendre comment, en ce Noël 1956, Jean Vincendon et François Henry ont pu mourir, seuls, abandonnés de tous, après avoir vécu un calvaire de dix jours dans un froid inhumain.

Pourquoi Vincendon et Henry se sont-ils lancés dans une telle entreprise ? Pourquoi Bonatti ne les a-t-il pas attendus lorsque la tempête s’est levée ? Pourquoi les secours ont-ils mis autant de temps à se mettre en place ? Pourquoi les guides de Chamonix n’ont pas bougé ? Pourquoi leurs amis n’ont-ils pas réussi à les atteindre par la voie terrestre ? Pourquoi les Alouettes, si maniables en altitude, sont-elles arrivées si tard ? Quel a été le rôle du père de François Henry ? Des journalistes ? De Lionel Terray ? Du refuge Vallot ? Le Commandant Legall a-t-il pris les bonnes décisions ? Etait-ce la bonne personne pour diriger les opérations ?

Des questions, des réponses

Pour tenter de répondre à toutes ces questions, Yves Ballu retrace le fil des évènements de façon chronologique en analysant les personnalités des forces en présence mais aussi les détails techniques comme le fonctionnement des hélicoptères, les prévisions météorologiques ou encore la topologie du terrain… mais il raconte surtout une histoire, une histoire complexe dont la photo qui illustre la couverture du livre démontre toute l’ambiguïté : les sauveteurs sont là, auprès des naufragés. Ils leur parlent, les touchent, les aident… et pourtant, ils vont repartir pour ne plus jamais revenir…

Écrire un livre sur une affaire aussi sensible était un pari osé mais il est incontestablement réussi et la mémoire de Jean Vincendon et François Henry ne s’en porte pas plus mal.

"Naufrage au Mont-Blanc", un livre signé Yves Ballu

1 Commentaire

  • Pierre Marie Girardot - 22 mars 2017 à 13 h 15 min

    Pas idiot mais cette tragédie a été tellement emblématique et a représenté un tel tournant pour l’alpinisme que la littérature est d’une grande profusion et (presque) inépuisable. … Il me semble avoir reçu au moins partiellement ce courrier. Il n’empêche qu’il ne manque pas d’intérêt. Il me fait replonger dans une semaine récente passée à Cham… hélas beaucoup de brouillard mais de belles photos quand même.
    Vous en avez sans doute parlé mais je trouve très intéressant le livre du regretté et si grand Walter (Bonatti) « A mes montagnes » dans lequel il raconte aussi cette tragédie telle qu’il l’a vécue parce qu’il en a été un témoin direct et indirect. J’étais alité suite à une rupture du tendon d’Achille quand j’ai appris sa mort, quelques petits mois après la gigantesque deuxième « dégringolade » d’une paroi du Grand Dru et notamment de la voie Walter Bonatti. Il aura semblé qu’elle ne pouvait lui survivre alors qu’il était à la fin de sa vie.

Flux RSS pour les commentaires de cet article.

Laisser un commentaire