Rob Hall, Scott Fischer, 20 ans après…
Il y a 20 ans jour pour jour les pentes sommitales de l’Everest étaient le théâtre d’une des plus célèbres tragédies de l’histoire de l’alpinisme. Le 10 mai 1996, les deux expéditions commerciales menées par les célèbres guides Rob Hall et Scott Fischer se prenaient les pieds dans le tapis et dans la tempête au-dessus de 8 000 mètres. Bilan: huit morts et une avalanche de questions. 20 ans après, que reste-t-il de cette tragédie ?
Rappel des faits
En 1996, les expéditions commerciales sur l’Everest en sont à leurs balbutiements. Rob Hall, charismatique guide néo-zélandais est précurseur en la matière et sa société Adventure Consultants est l’une des premières à proposer à des quidams de « faire l’Everest ». Parmi ses concurrents, la société Mountain Madness de l’américain Scott Fischer qui aimerait se tailler une part de gâteau un peu plus conséquente dans les années à venir. Les deux hommes, sous pression, ont le même but: amener le plus de clients au sommet.
Mais le 10 mai, le summit day tourne au vinaigre. Une série de mauvaises décisions et d’évènements pernicieux viennent perturber la mécanique qui semblait pourtant bien huilée… des cordes fixes installées trop tardivement aux endroits névralgiques, des clients têtus et trop lents et un Scott Fischer victime du mal des montagnes font qu’à l’heure limite initialement fixée, personne n’a encore atteint le sommet et personne n’envisage de faire demi-tour comme prévu… si bien que lorsque la tempête vint cueillir tout ce joli petit monde non loin du sommet, la promenade entre amis vira au carnage. Bilan: cinq morts dont les deux guides Rob Hall et Scott Fischer. De l’autre côté, sur la face nord, une expédition de la police indienne subissait à peu près le même sort… trois morts de plus dont celui qui allait devenir le célèbre Green Boots.
Jon Krakauer et l’Everest-mania
Parmi les survivants du désastre, un homme allait jouer un rôle plus que déterminant dans la portée médiatique de l’affaire. Le journaliste Américain Jon Krakauer avait été envoyé chez Adventure Consultants par le magazine Outside pour écrire un article sur les expéditions commerciales à l’Everest. Il en revint avec un livre majeur: Tragédie à l’Everest – Into Thin Air en VO – paru en 1997, soit un an après le drame. Son récit, traduit dans toutes les langues et vendu à plusieurs millions d’exemplaires, fut un choc pour le grand public qui découvrit avec stupeur la face sombre des expéditions commerciales à l’Everest.
S’il eut le mérite de mettre en exergue les nombreuses erreurs commises par les différents protagonistes, Krakauer fut cependant la cible de vives critiques de la part de certaines familles des victimes mais également d’Anatoli Boukreev, guide kazakh travaillant pour Scott Fischer, directement mis en cause par le journaliste pour avoir refusé d’utiliser de l’oxygène dans l’exercice de ses fonctions. Boukreev, qui était ressorti de sa tente en pleine tempête pour porter secours à un groupe perdu non loin du camp avancé du col sud, donna sa version des faits dans son propre livre – The Climb – paru peu de temps avant sa mort au pied de la face sud de l’Annapurna le jour de Noël 1997.
Pour Krakauer les choses sont claires: l’Everest fut la pire expérience de sa vie et il ne cache pas qu’il regrette d’y être allé. Mais s’il entendait, à travers son récit, décourager les candidats au sommet, c’est exactement l’inverse qui se produisit. Son livre, devenu best-seller, fut indéniablement un des moteurs de l’Everest-mania qui apparut au début des années 2000. Paradoxe des temps modernes, la tragédie de 1996 avait fait du sommet de l’Everest un lieu hautement touristique et les premiers embouteillages ne tardèrent pas à se former au pied du ressaut Hillary.
Rob Hall dans les journaux, au cinéma et à l’opéra
Ce qui fut une aubaine pour le tourisme Népalais le fut aussi pour les médias. On ne compte plus les coupures de presse, articles de blog – celui-ci en est un de plus -, films ou documentaires traitant de cette tragédie et la sortie récente du blockbuster hollywoodien Everest fait certainement de Rob Hall et Scott Fischer des alpinistes désormais plus connus que Walter Bonatti ou Reinhold Messner aux yeux du grand public. En 2014, la tragédie fut même adaptée à l’opéra par le prestigieux Dallas Opera. Il faut dire qu’il y a indéniablement un côté théâtral dans tout cela… Rob Hall qui téléphone à sa femme depuis son lit de mort pour choisir le prénom de leur futur bébé, Anatoli Boukreev héros magnifique bravant la tempête pour sauver des vies, Beck Weathers – Laissé pour mort à l’Everest – qui revient d’entre les morts après une nuit dehors par -40°C… le public en a pour son argent !
Lors d’une récente interview donnée à la radio suisse RTS, le célèbre alpiniste Jean Troillet déclarait « avoir un peu honte » et se sentir un peu « responsable de ce qui se passe à l’Everest ». Sa fantastique ascension de la face nord en 1986 avec Erhard Loretan a-t-elle plus influencé les grimpeurs-touristes que la tragédie de 1996 ? Difficile à dire… Les autorités Népalaises, elles, semblent vouloir bannir les grimpeurs inexpérimentés de l’Everest. La tendance à n’accorder les permis qu’aux alpinistes ayant déjà réussi une ascension d’au moins 6 000 mètres semble effectivement se dessiner mais c’est surtout les tragédies de 2014 et 2015 qui ont encouragé cette décision.
En tout cas, pendant que le monde de l’alpinisme a une pensée pour Rob Hall, Scott Fischer et tous les autres, Sarah Arnold-Hall va bientôt avoir 20 ans et elle grimpe… comme son père !
L’équipe « Adventure Consultants » avant le drame. Rob Hall (casquette blanche et pantalon violet), Andy Harris (à sa droite), Doug Hansen (casquette noire à gauche) et Yasuko Namba (blouson rouge à droite) sont les victimes. Pour survivre sur l’Everest le 10 mai 1996, il ne fallait pas avoir des chaussures à bout et à lacets noirs…
21 Commentaires
Robert - 8 octobre 2016 à 13 h 37 min
Cette histoire ma beaucoup touche
Aneta - 30 décembre 2016 à 20 h 43 min
This is amazing! Everytime when I read about that adventure or see the »Everest » I’m crying…
Deborde andree - 30 juillet 2017 à 15 h 32 min
Passionnée très émue des larmes de compassion,d’admiration mais de colère aussi pour au delà de la performance l’amour de la montagne….l’irresponsabilité de la mise en danger de sa vie
Marion Julian - 31 juillet 2017 à 21 h 20 min
Bonjour je souhaite soutenir ces personnes qui ont été prises par l’Everest je pense fort à eux et je suis très émue pour leurs proches
Champeau Antoine - 8 août 2017 à 9 h 24 min
J’ai lu le livre de Jon Krakauer sur cette tragédie, c’est très émouvant, on s’y coirait presque avec eux…mais que d’erreurs et d’incompréhensions lors de cette expédition, et tous ces gens qui ont continué à grimper alors que les conditions climatiques étaient déjà horribles au sommet….ça donne froid dans le dos, et Beck le miraculé…quelle tragédie…bravo Jon K !
sarha hall - 14 janvier 2018 à 16 h 11 min
l’histoire est vraiment touchante merci pour les information et mon père a monter le mont Everest aussi
dumeil - 4 février 2018 à 19 h 19 min
Depuis que j’ai vu le film, j’ai fait beaucoup de recherches et visionné aussi beaucoup de reportage sur rob hall notamment mais aussi beaucoup sur le mont Everest. Le livre de JK est vraiment passionnant et touchant. Un énorme respect a tous.
Luc - 11 mars 2018 à 19 h 32 min
Ce soir sur France 2 on peut voir le film Everest de Baltasar Kormàkur réalisé en 2015 et qui reprend cette expédition.
oihana - 11 mars 2018 à 23 h 07 min
mon fils s est mis à l escalade il m a dit maman si je meurs je serai mort heureux
Mez - 12 mars 2018 à 9 h 03 min
Franchement, cette une histoire toute pourrie, avec des guides professionnels qui ont fait complètement n importe quoi avec leurs clients, des clients qui n avaient pas le niveau pour l Everest et a qui on a fait miroiter un sommet clés en main!! cela donne une catastrophe monumentale, des morts pour rien et un film Hollywoodien!!!et surtout la fin de l histoire de l Everest
Je ne suis pas du tout élitiste et que l Everest soit qu’ une montagne pour les plus forts mais quand je vois ça!!!! je préfère allez voir ailleurs. Bien entendu cela n engage que moi.
https://www.egaliteetreconciliation.fr/local/cache-vignettes/L650xH436/everest3-1ba86.jpg
@ Oihana
Ton enfant ne vas pas mourrir!!! L escalade ce n est pas la mort C tout le contraire!!!
Mez - 12 mars 2018 à 9 h 23 min
Pour ceux qu’ ils auraient remarqué la photo ( que j ai prise au pif sur le net!!!) que j ai mise sur le commentaire d avant vient d un site d extreme droite!!! ces à l opposer de mes valeurs!!!
Voilà C dit!
Mez - 12 mars 2018 à 10 h 28 min
C est à l opposer de mes valeurs!!!
Mez - 12 mars 2018 à 11 h 21 min
@ Sarha HALL
Sorry,I regret what i wrote about your father.I didn’t want miss respect to him.
I hope that you will not blame me
Best regards
Mez
Godeux - 12 mars 2018 à 11 h 58 min
C est une équipe qui a respecté l’effort de chacun et la volonté d avancer bravo
Jean-Paul - 12 mars 2018 à 17 h 39 min
@Sarah
Mez is so sorry. Truly. And also I think he meant so many great mountaineers lost their life (among them your father) because poorly trained clients demanding something which was way beyond their capacity.
We all know and recognize your father was a great guide, who chose to die rather than leave one of his client alone.
Nobody can blame him on the contrary: it’s a tribute to his work’s ethic.
I just want to pass the message on behalf of everybody here, that no matter what we think about the extreme marketing of the Everest summit, we all respect the great professionalism of your father, and his dedication towards other, even at cost of his own life.
Sincerely
Jean-Paul
Mez - 12 mars 2018 à 18 h 12 min
@ jean Paul
Merci a toi!
laili - 9 avril 2018 à 9 h 49 min
Bonjour,
Quelqu’un connaitrait-il le nom de la femme au premier rang à gauche avec le pull rose?
Ma question est bizarre mais j’espères avoir une réponse ^^
Merci à vous
thomas - 9 avril 2018 à 10 h 27 min
Oui, il s’agit de Susan Allen, une jeune Australienne qui a accompagné le groupe jusqu’au camp de base. Elle n’a jamais eu l’intention de gravir l’Everest.
Boukrif stimanius - 12 janvier 2019 à 15 h 03 min
This is amazing something !?!??!!??!!?!?!?!?
Walleye67 - 15 décembre 2019 à 5 h 14 min
Il y a des endroits dans le monde où l’homme n’a pas sa place. l’Everest en est un…En plus, on est en train de transformer cette montagne en un gros dépotoir au nom de l’aventure. Bravo!
Nine14 - 25 février 2024 à 22 h 35 min
Ce qui m’intéresse, c’est le nom de toutes les personnes sur la photo de groupe. Je cherche à savoir qui est qui.
Pour pouvoir les aider par la pensée !
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