Walter Bonatti

Il monumento

Si on ne devait en garder qu’un, ça serait lui. Immense. Incontestable. Walter Bonatti, le seul mec au monde capable de fissurer une montagne d’un seul regard. Alors il y a, bien sûr, ce palmarès inouï, avec ses innombrables premières aux Drus, dans les Grandes Jorasses ou encore au Cervin, mais ce qui a forgé sa légende c’est aussi cet incroyable instinct de survie qui, plus d’une fois, lui aura permis de s’en tirer sans une égratignure pendant que d’autres y laissaient leur peau.

Car c’est peut-être ça le plus incroyable finalement. Comment un type qui a pris de tels risques a pu vivre jusqu’à 81 ans ? Certains répondront qu’il s’est rangé des piolets en 1965 à seulement 35 ans mais quand même… combien de fois la mort lui a tendu les bras ? Au K2, d’abord, en 1954 où ses perfides compagnons l’obligèrent à un bivouac légendaire à 8000 mètres d’altitude. Sur l’éperon de le Brenva ensuite, où il résista mieux que deux de ses compagnons au cours d’une tragédie qui deviendra plus tard « l’affaire Vincendon et Henry ». Au pilier Central du Frêney, enfin, où, tel un roc résistant aux pires tempêtes, il guidera ses compagnons d’infortune jusqu’au bout de la nuit et d’un calvaire qui fera finalement quatre victimes. « Ça va Walter ? J’ai pas très chaud mais ça va, merci… »

Des débuts compliqués au K2 à l’apothéose du Cervin

Et pourtant ça partait mal… car si, à seulement 24 ans, Walter fut sélectionné pour la fameuse expédition au K2 en 1954 grâce à ses premiers exploits (au Grand Capucin notamment), on ne peut pas dire qu’il en garda un grand souvenir… et pour cause: la trahison dont il fut victime le laissa dans une telle tempête médiatique, qu’il finit par s’isoler et trouver refuge dans ses chères et tendre montagnes où il rumina un bon moment avant de se lancer dans les courses les plus folles, parfois en solo, souvent avec ses compagnons de cordées Ogionni, Zappelli ou encore son ami Pierre Mazeaud. Si bien qu’à partir de 1955, c’est une véritable boucherie:

  • 1955: première, en solo, du pilier sud-ouest du Dru qui deviendra « le Pilier Bonatti« , rien que ça.
  • 1957: première de l’éperon nord-est du pilier d’Angle
  • 1958: il est le premier à atteindre le sommet du Gasherbrum IV (massif du Karakoram – 7925 mètres)
  • 1959: première au pilier Rouge du Brouillard
  • 1961: première au Nevado Rondoy dans les Andes.
  • 1962: première dans l’entonnoir du pilier d’Angle
  • 1963: première hivernale de l’éperon Walker dans les Grandes Jorasses
  • 1964: première de l’éperon Whymper
  • 1965: directissime en hiver et en solo sur la face nord du Cervin.

Sur ce dernier exploit, il met un terme à sa carrière d’alpiniste pour se consacrer à l’exploration et devient reporter et grand voyageur. Merci bonsoir. Cette décision mûrement réfléchie, on la doit certainement en partie aux nombreuses bisbilles que son caractère en acier trempé générera, en particulier avec l’association des guides de Courmayeur dont il s’écartera peu à peu, jugeant sa philosophie de la grimpe trop différente. Il ne plaisantait pas avec ses choses là Walter…

Walter Bonatti est mort le 13 septembre 2011. Depuis, on ne compte plus les hommages rendus (comme ici aux Piolets d’Or 2012) à l’homme qui, en un coup de piolet, faisait fondre les neiges éternelles…

Un peu de lecture :

  • À mes montagnes – Walter Bonatti
  • Montagnes d’une vie – Walter Bonatti
  • Walter Bonatti, mon frère de coeur – Reinhold Messner
  • Walter Bonatti, de l’homme au mythe – Roberto Serafin

Walter Bonatti

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