Les Grandes Jorasses

Six pointes et une face nord mythique

Les Grandes Jorasses, c’est avant tout une histoire de pointes. Mais n’allez pas croire par là qu’il s’agisse d’une montagne réservée aux danseuses. Regardez une photo, vous comprendrez vite que son arrête sommitale se compose de six pointes bien distinctes. La plus élevée est la pointe Walker (4208 mètres), puis viennent ensuite la Whymper, la Croz, la Hélène, la Marguerite et enfin la Young (3996 mètres).

Et comme bien souvent avec les grandes montagne des Alpes, c’est la face nord qui est la plus attirante pour les alpinistes de tous horizons. Car si ce bon Horace Walker est le premier a parvenir au sommet en 1868, en donnant au passage son nom à la pointe la plus célèbre des Alpes, c’est bien la cordée italienne emmenée par Riccardo Cassin en 1938 qui réussit pour la première fois l’exploit de la gravir par la face nord. Un rapide coup d’œil à la liste des alpinistes qui l’ont gravie ensuite donne une idée de la difficulté de la chose. On trouve là, pêle-mêle, Pierre Allain, Lionel Terray, Louis Lachenal, Walter Bonatti (première hivernale), Hermann Buhl ou encore René Desmaison… que des grands noms!

Desmaison-Gousseault, la cordée tragique

La tragédie la plus célèbre eut lieu en février 1971, lorsque René Desmaison emmena avec lui le jeune et un peu tendre Serge Gousseault pour tenter l’ouverture d’une nouvelle voie directe sur la Walker en hiver. Rattrapés par le mauvais temps, les deux hommes se retrouvèrent bloqués à quelques mètres du sommet où Gousseault finit par mourir de froid et d’épuisement après plusieurs jours de lutte. Desmaison racontera sa version controversée de l’ascension et de son sauvetage dans ce qui deviendra un classique de la littérature de montagne : « 342 heures dans les Grandes Jorasses ». La voie empruntée à l’époque par les deux alpinistes est aujourd’hui devenue l’une des plus célèbres des Alpes : la Gousseault-Desmaison.

On dénombre à ce jour plus de quarante voies différentes dans la face nord dont certaines sont devenues des classiques comme le Linceul ou la Colton-MacIntyre. D’autres portent des noms parfaitement extravagants : « Coulée douce », « No siesta », « Rolling Stones », « Rêve éphémère d’alpiniste »… Comme quoi parfois, quand même, ça rigole bien aux Jorasses !

La face nord des Grandes Jorasses
La face nord des Grandes Jorasses (source : camptocamp.org)

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