Eiger obsession // John Harlin III
La face nord de l'Eiger, au nom du père
26 mars 1966, John Harlin II est victime d’une corde cassée dans sa tentative de directissime en face nord de l’Eiger. A trente ans à peine, il laisse une femme et deux enfants. Son fils, John Harlin III, neuf ans au moment des faits, devra vivre toute sa vie avec ce traumatisme qui finira par le conduire, lui aussi, dans cette fameuse face nord, quarante ans après la chute son père. Il raconte tout ça dans un livre au titre équivoque : Eiger obsession.
Une face nord en famille
Le livre se découpe en deux parties : avant et après la mort du « Dieu blond » comme l’appelait ce qui ont eu le privilège de goûter son charisme démesuré. Avant, on suit la famille Harlin dans les traces du père, pilote de chasse, qui, après bien des pérégrinations, finit par s’établir à Leysin en Suisse, où sa femme Marylin a décroché un poste d’enseignant. Pendant que le fils découvre les joies du ski et de la montagne, le père se polarise sur l’objectif de sa vie : ouvrir une voie directe dans la face nord de l’Eiger. Passage clé de l’ouvrage, le récit de l’ascension de 1966 est basé sur les témoignages de ceux qui étaient présents à l’auberge de la Kleine Scheidegg et sur les fameux enregistrements radio : « On va vraiment avoir beaucoup de boulot demain, je ne sais pas si on aura le temps d’émettre. » furent les derniers mots qu’il adressa à ses proches.
Dans la deuxième partie, peut-être moins passionnante car moins historique, John Harlin fils nous raconte comment, devenu adulte et père de famille, la face nord de l’Eiger se met lui aussi à l’obséder. Tiraillé entre le besoin d’exorciser un vieux démon et préserver sa famille d’une angoisse qu’il a lui même connue, l’auteur philosophe sur les grands classiques existentiels de l’alpinisme entre deux « j’y vais, j’y vais pas ». Point positif de l’ouvrage : la carte en couleur et grand format de la face nord avec le tracé des voies Heckmair 1938 et Harlin 1966. J’ai passé tellement de temps à l’observer que je me demande si je ne suis pas devenu moi même un peu obsédé…
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