Femmes (alpinistes), je vous aime

17 novembre 2015 - 1 commentaire

Il existe une légende de montagnard qui dit que pour éviter le divorce, le mieux, pour un alpiniste, c’est d’être marié à une alpiniste. D’accord, mais l’alpinisme n’est-il pas un sport de brutes épaisses réservé aux hommes avec des grosses pognes et un caractère de cochon ? Eh bien non ! Figurez-vous que de plus en plus de femmes s’y adonnent et que les carrières de certaines d’entre elles atteignent même des sommets !

Il faut pourtant bien admettre que la pratique de l’alpinisme, aussi noble soit-elle, est une activité assez brutale. Météo apocalyptique, bivouacs à la dure, conditions d’hygiène douteuses… mais elles sont pourtant nombreuses à avoir laisser, comme les hommes, leur empreinte sur la montagne.

Et la première d’entre elles fut certainement Henriette d’Angeville, alias « la fiancée du Mont-Blanc », qui en 1838 réussit l’exploit phénoménal d’atteindre le plus haut sommet d’Europe par ses propres moyens, ouvrant ainsi la voie aux femmes avides de liberté et de grand air.

Destivelle, Mauduit, Rutkiewicz, Tabei, Hargreaves et des exploits à la chaine

Parmi les plus célèbres, nous trouverons, par exemple, les françaises Catherine Destivelle, première femme à gravir les trois grandes faces nord des Alpes (Eiger, Cervin et Grandes Jorasses) en solo et en hiver, et la regrettée Chantal Mauduit, victorieuse (sans oxygène) de six 8000 dont le K2. Citons également la polonaise Wanda Rutkiewicz qui atteindra huit des quatorze sommets de plus de 8000 mètres avant de disparaitre en 1992, en tentant l’ascension du Kangchenjunga. La Japonnaise Junko Tabei fut, quant à elle, la première à atteindre le sommet de l’Everest en 1975 avant que, 20 ans plus tard, La britannique Alison Hargreaves ne réussisse ce haut fait sans oxygène.

Oh Eun-sun, Edurne Pasaban: guéguerre au sommet

Mais si les alpinistes du sexe fort ont souvent la réputation d’avoir sale caractère, n’allez pas croire que nos jolies demoiselles soient toujours douces comme des brebis. J’en veux pour preuve la redoutable compétition que se sont livrée trois grandes aventurières en 2010 sur les pentes Himalayennes, pour savoir laquelle aurait l’honneur et le prestige d’être la première femme à réussir le difficile challenge des quatorze 8000. Et si la Sud-Coréenne Oh Eun-sun fut la première à revendiquer cet exploit en réussissant sa dernière ascension à l’Annapurna fin avril, sa concurrente directe, l’espagnole Edurne Pasaban, ne mit pas longtemps à contester la réussite de sa rivale en affirmant que son ascension au Kanchenjunga est une pure fiction et que son succès du 17 mai au Shishapangma fait d’elle la grande gagnante. L’année suivante, en atteignant le sommet du K2, l’Autrichienne Gerlinde Kaltenbrunner mit finalement tout le monde d’accord en réussissant ce remarquable défi sans oxygène. Ces Messieurs n’ont qu’à bien se tenir !

Dans son livre « Femmes alpinistes » paru en 2008 aux éditions Hoëbeke, Agnès Couzy rend hommage à dix-huit de ces femmes qui ont marqué l’histoire de la montagne et de l’alpinisme. La légende Reinhold Messner leur a également consacré un ouvrage intitulé « Femmes au sommet » et paru chez Arthaud en 2011. Vous pourrez en lire la critique sur le blog de Mediapart.

1 Commentaire

  • Pedro26 - 18 mars 2018 à 17 h 19 min

    Thomas a écrit : « Vous pourrez en lire la critique sur le blog de Mediapart. »

    Et un bel article de M… en tout cas !

    Le meilleur est pour la fin, avec cette citation hyper originale : « Empruntons cette réponse pince-sans rire du pionnier de l’alpinisme George Mallory, à la question « Pourquoi l’Everest ? » : « Pourquoi ? Parce ce qu’il est là ». »

    Ouahou !

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