La montagne nue // Reinhold Messner

L'épopée des frères Messner au Nanga Parbat en 1970

En 1970, Reinhold Messner a vécu le drame de sa vie en rentrant à la maison seul alors qu’il était parti gravir le redoutable versant Rupal du Nanga Parbat avec son frère Günther. Trente six ans après (le livre est paru en 2006), la légende qu’il est devenu nous raconte avec émotion cette tragique aventure qui n’est pas sans rappeler celle de Joe Simpson dans « La mort suspendue » mais avec du Messner dedans.

Qui dit Messner dit caractère de feu ! Et il y en deux qui en prennent pour leur grade tout au long du récit. Le premier c’est Karl Herrligkoffer, le chef d’expédition qui, en 1953, avait déjà eu un peu de mal à gérer le cas Hermann Buhl sur cette même montagne. Messner dont Buhl est l’idole absolue semble lui en tenir rigueur et le décrit sans cesse comme incompétent et renfermé. Une phrase du livre résume bien le rapport de Messner à l’autorité exercée par son chef d’expédition: « J’aimais Karl quand il me parlait ouvertement, quand lui, l’organisateur, s’est adressé à moi, l’alpiniste, l’expert. J’acceptais alors son leadership ». Donc Messner accepte d’avoir un chef mais seulement quand c’est lui qui décide… Et en l’occurrence, il se trouve que Reinhold a décidé d’aller au sommet avec son frère. Point barre. Du coup, l’autre compagnon de cordée qui déguste, c’est Felix Kuen: « un militaire, guide au Tyrol du Nord, se croit prédestiné pour le sommet mais il se sent peu sûr, ce qui le rend irritable ». Pas question donc d’aller au sommet avec ce triste énergumène !

« Dans la zone sommitale, gouverné par le seul instinct de survie, je me suis souvent vu de l’extérieur »

Alors bien sûr, au moment fatidique de l’assaut vers le sommet, c’est les frères Messner qu’on retrouve en tête de cordée. Sauf que le pauvre Günther a tout donné dans la montée et il arrive tellement cramoisi au sommet que Reinhold décide qu’il est préférable de redescendre par l’autre versant jugé plus facile. La suite, c’est un récit de survie en montagne absolument dantesque et surtout tragique puisque Günther finira par être emporté par une avalanche au pied de la montagne après plusieurs jours de lutte… L’aîné des frangin se retrouve ainsi seul, désespéré et à bout de forces dans la vallée du Diamir, monde hostile où les âmes qui vivent se font aussi rares que les yacks au Mont Blanc.

Les scènes dans lesquelles il raconte ses étranges hallucinations dues à l’altitude, au manque d’eau et surtout à la fatigue extrême vous font passer l’envie de vous aventurer en montagne: « Pendant toute une semaine je me suis traîné dans un fond de vallée, seul, sans soutien, sans témoin, sans espoir. Souffrant, gelé, famélique, j’étais comme mort ». Ou encore: « Dans la zone sommitale, gouverné par le seul instinct de survie, je me suis souvent vu de l’extérieur. Comme si mon esprit était séparé de mon corps ! ». Allez Reinhold, encore treize 8000 et tu seras un homme !

La montagne nue - Reinhold Messner

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