Hermann Buhl
L'homme du Nanga Parbat
Né à Innsbruck en 1924, Hermann Buhl représente, presque à lui tout seul, la quintessence de l’alpinisme autrichien. Même si pour les spécialistes sa réputation n’était plus à faire depuis longtemps, c’est véritablement en 1953 qu’il entre dans la légende de l’alpinisme en réussissant au Nanga Parbat une ascension qui en laissa plus d’un sur le séant.
Mais avant de s’attaquer à la montagne tueuse, Hermann avait déjà envoyé pas mal de bois dans les Alpes et ce, dès la fin des années 40. Les grandes voies en hiver c’est sa came. Celle du Piz Badile réalisée en solo est, par exemple, à raconter dans toutes les écoles d’alpinisme. On raconte aussi qu’un peu plus tard, en compagnie de Gaston Rébuffat, il sortit d’un mauvais pas quelques alpinistes en galère, lors d’une ascension de l’Eiger qui tourna au calvaire.
De l’exploit du Nanga Parbat à la tragédie du Chogolisa
Et puis arrive 1953 et cette fameuse ascension du Nanga Parbat. C’est Karl Herrligkoffer qui est aux manettes de cette expédition allemande qui s’attaque au redoutable et encore vierge sommet Himalayen de 8 125 mètres d’altitude. Et lorsque le 3 juillet, ce dernier exige le retour de son petit monde au camp de base en raison de l’arrivée de la mousson, il est loin de se douter que là-haut, il y en a un qui n’a que faire de la météo. Buhl, lui, a envie d’aller au sommet ! Et il va y aller. Faisant fi des consignes du chef d’expédition et de ses pieds qui commencent à geler, il laisse son compagnon Otto Kempter à sa fatigue et pousse vers le sommet qu’il atteint au prix d’un effort monumental qui restera à jamais gravé dans les mémoires alpines (et tout particulièrement dans celle de Reinhold Messner).
Après cet immense exploit, Buhl revient en 1957 dans le secteur, du côté du Karakoram cette fois, pour s’attaquer au Broad Peak dont il atteint la cime le 9 juin en compagnie de tous ses compagnons d’expédition. Il devient ainsi le premier homme à atteindre le sommet de deux 8 000. Pour fêter ça, il décide, quelques jours plus tard, de tenter l’ascension du voisin Chogolisa (7 665 mètres) avec Kurt Diemberger comme second de cordée. Sauf que lorsque, au cours de la descente, une corniche céda sous ses pieds, la fête tourna au drame… son corps ne fut jamais retrouvé… C’est ainsi que prit fin la carrière d’Hermann Buhl, géant parmi les géants…
Pour finir, sachez Mesdames et Messieurs les germanophiles, que Hermann Buhl possède son propre site internet. Toujours en avance sur son temps ce bon Hermann !
Hermann Buhl pris en photo par Hans Ertl le 4 juillet 1953, après son fameux solo au Nanga Parbat.
1 Commentaire
Maureen Aldaux - 27 février 2019 à 19 h 08 min
Il faut lire le bouquin de Heinrich Harrer « la face N de l’Eiger » pour faire connaissance avec Hermann Buhl.
Après, il y a un autre livre : « Buhl du Nanga Parbat » qui raconte l’histoire d’Hermann, jusqu’au trou dans la corniche du Chogolisa.
Son expédition en solo au Piz Badile est incroyable. Parti d’Innsbruck en vélo en fin de nuit, il passa par Landeck, puis le plateau de Silvaplana, descendit Maloja et laissa son vélo dans un coin du val Bondasca, puis il fit le Badile, redescendit par l’arête N et récupéra son vélo, remonta Maloja mais il n’atteignit pas Landeck : terrassé par la fatigue, ce diable d’homme s’endormit sur son vélo et termina la nuit en vrac dans le fossé au bord de la route.
Buhl était de la même espèce que Messner, d’une endurance phénoménale et d’une audace raisonnée, il n’avait rien d’une tête brûlée.
C’était un GRAND.
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