Nanga Parbat

La montagne tueuse

Malgré une altitude, somme toute raisonnable (8 125 mètres), le neuvième sommet du monde est incontestablement l’un des plus méchants. On ne compte plus les victimes des terribles morsures de celle qui a fini par être surnommée « La montagne tueuse ». En fait si, on compte très bien: en 2012, on recensait 68 morts pour 335 succès, ce qui en fait le troisième sommet le plus meurtrier en terme de pourcentage: 21% contre 29% pour le K2 et 34% pour le terrifiant Annapurna (source: Altissima.org).

Et si parmi les 61 victimes, on trouve surtout des germanophones, c’est parce que dans les années 30, les Allemands ont décidé que la conquête du Nanga Parbat était leur affaire. Il y a d’abord eu les expéditions emmenées par Willi Merkl qui s’escrima en vain pendant plusieurs années pour finir par y laisser sa peau, avant que son demi-frère, Karl Herrligkoffer, ne reprenne le flambeau après la seconde guerre mondiale. Et il faudra finalement attendre 1953 pour qu’un coup de poker tenté par le phénoménal alpiniste Tyrolien Hermann Buhl, permette aux Allemands de toucher enfin au but.

Hermann Buhl dans la légende du Nanga Parbat et de l’alpinisme

Ce 3 juillet 1953, il y a un homme qui est en colère. Le sommet dont il rêvait tant vient d’être conquis par un des alpinistes qu’il avait lui même sélectionnés, mais Karl Herrligkoffer a des raisons d’être contrarié. Il a expressément demandé le retour de ses troupes au camp de base mais le fougueux Hermann n’en fait qu’à sa tête… Il n’écoute pas les consignes de son chef d’expédition qui craint l’arrivée de la mousson, et décide de poursuivre jusqu’au sommet en compagnie d’Otto Kempter. Ce dernier, épuisé, s’arrête aux alentours des 8000 mètres mais Buhl s’entête et poursuit vers le sommet qu’il finit par atteindre au prix d’un effort qui restera dans les annales de l’alpinisme. Pris par la nuit à la descente, l’Autrichien est obligé de bivouaquer à 8 000 mètres dans des conditions dantesques mais au petit matin il peut reprendre sa descente et retrouver ses compagnons qui ne l’attendaient plus. Légendaire.

Le sommet est ainsi définitivement conquis mais Herrligkoffer n’est pas rassasié pour autant. Ce qu’il veut maintenant, c’est s’attaquer aux versants les plus ardus ! L’ascension par le face du Diamir est réussie en 1962 par Toni Kinshofer, Anderl Mannhardt et Siegfried Löw (qui perdra la vie dans la descente) mais reste le terrifiant versant Rupal, 4500 mètres de parois… la plus haute du monde ! Pour réussir un tel challenge, il faut un maitre, un as, un cador… et ça tombe bien parce qu’en 1970, un jeune alpiniste commence à faire parler de lui: un certain Reinhold Messner. La terrible suite, on la connait: Reinhold et son frère Günther atteignent le sommet ensemble mais Günther disparait à tout jamais lors d’une descente apocalyptique. Le film intitulé Nanga Parbat retrace cette dramatique épopée que Reinhold a lui même racontée dans l’un de ses innombrables livres : La montagne nue.

Et tant qu’on parle de cinéma, comment ne pas évoquer le célèbre film de Jean-Jacques Annaud Sept ans au Tibet, tiré du livre Sept ans d’aventures au Tibet écrit par Heinrich Harrer, alpiniste faisant partie d’une expédition sur le Nanga Parbat en 1939. Il fut d’abord fait prisonnier par les anglais, avant de s’évader en 1944 et de trouver refuge au Tibet où il restera pendant sept ans. Une vraie mine d’or pour Hollywood ce Nanga Parbat !

1 Commentaire

  • Brice Blanc - 3 février 2018 à 23 h 28 min

    Salut mon cher,
    J’ai trouvé le lien vers cette page sur le site de France-info sur un article intitulé « Propagande nazie, avalanches et attentats Taliban ». Ils savent parfois où trouver de l’information sérieuse.
    La bise

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